Édito 23*24

Nous, humain·e·s de toutes couleurs et de tous genres, aux sensibilités et expériences multiples, diverses et infinies, nous, artistes, spectateur·rice·s, travailleur·euse·s des arts et de la culture, nous sommes affamé·e·s de changements, de savoirs, de découvertes, de rencontres, de douceur, de beauté et d’utopies. 

Face à celles et ceux qui veulent diviser et semer la discorde dans un monde toujours plus vorace, plus brutal, plus radical, il ne suffit plus de résister, le temps est venu de dessiner notre paysage, pas après pas, mot après mot, geste de création après geste de création. 

Ensemble, nous rêverons, nous imaginerons, créerons et représenterons nos récits et nos fictions sur nos scènes, au théâtre, à la ville, partout où on nous laissera entrer, même du bout du nez, dans l’espoir éperdu qu’un jour, nos utopies prendront forme et sens dans le réel. Nous nous efforcerons d’exploser les frontières et les limites figées, nous provoquerons une onde de vibration collective pour, tenter, jour après jour, au gré des spectacles et des moments partagés, de devenir cette onde. 

Le Rideau sera notre base, notre écrin. On pourra s’y poser, se reposer, se retrancher, se rencontrer, se dire ou s’exposer. On viendra y raconter ce qui est là, ce qui existe tel quel, vécu, rêvé, fantasmé ou imaginé. On y sera écouté·e, vu·e, reconnu·e, en tant qu’individu, membre légitime de notre société. 

Nos élans créatifs traceront de nouveaux chemins, de ceux qui élèvent et empouvoirent. Plus que de suivre le mouvement, nous nous efforcerons d’être le mouvement. 

Cette saison, le Rideau revient avec dix-huit propositions incandescentes, toutes en lien avec le monde d’aujourd’hui, chacune première pierre d’une utopie en construction. Cette saison conte le changement, d’une façon qui le transcende et qui invite à le redéfinir. Faisons corps avec lui, puisqu’il est indissociable de la vie elle-même. Émancipons-nous des espaces réducteurs, libérons-nous des entraves qui paralysent, refusons l’écrasement et l’assèchement. Remettons du sens dans nos existences et vivons, puisqu’on est déjà né·e. 

Cathy Min Jung